Un point qui vaut peut-être de l’or | Hockey féminin – Hockey sur glace
Après la victoire de l’Autriche sur la Norvège la veille, ce match prend des allures de finale, ou presque ! Les deux équipes ont en effet remporté leurs deux matchs, mais l’Autriche a lâché des points en route. Les joueuses de Jari Risku n’ont pas le choix : tout autre résultat qu’une victoire serait éliminatoire. Côté tricolore, la défaite serait coûteuse, car les Bleues n’auraient plus leur destin en mains. Les spectateurs ont bien compris les enjeux : ils sont plus de 2300 dans l’IceParc d’Angers…
L’Autriche est la première en action, avec un tir lent, dévié et qui finit sur Anna Meixner dans l’enclave. La capitaine pivote et chauffe la botte de Caroline Baldin. Ce sera la seule occasion pendant de longues minutes d’un match fermé. L’Autriche se montre prudente, conservant certes le palet, mais gênée dans sa relance par l’échec-avant tricolore.
Petit à petit, les Bleues posent leur jeu. La ligne de Morgane Rihet décoche les premiers tirs. Puis, une sortie de palet propre et un exploit individuel de Léa Parment provoque le premier jeu de puissance, pour crosse haute. L’Autriche démarre cependant en deux-contre-un. Athéna Locatelli tente de couper la passe de Meixner, mais le palet arrive quand même sur Theresa Schafzahl dont le tir trouve le bouclier de Baldin. En fin d’avantage, Manon Le Scodan, peu utilisée dans les matchs précédents, trouve Julia Mesplède dans l’intervalle, et le lancer frôle le cadre.
Le match s’anime. Emma Hofbauer teste encore Baldin, qui parvient à dégager le rebond. En face, Chloé Aurard slalome dans la défense et son tir croisé mi-hauteur est bloqué par Selma Luggin. Le match se débloque finalement sur un but-gag : Léa Parment envoie au fond de la ligne rouge en direction du but pour changer de ligne, et Luggin cafouille complètement le palet bondissant (0-1).
Un but qui donne confiance aux Bleues. Plus précises dans leur jeu, elles vont plus vers l’avant et accumulent les occasions. Aurard fait tourner la défense en bourrique pour deux chances dans l’enclave où trainaient Marion Allemoz et Lore Baudrit. Puis, Estelle Duvin lance un festival technique qui ouvre la porte à Clara Rozier… trop lente à décocher, elle voit Luggin se déplacer et effectuer l’arrêt. La France mène 1-0 à la pause,.
Les Bleues débutent par une pénalité contre Clara Rozier, qui place sa crosse dans les patins d’une Autrichienne dans la neutre. Il ne faut que douze secondes à l’Autriche pour égaliser, Meixner bonifiant un palet qui traine dans le slot sur un tir de Trummer (1-1).
Sur la présence suivante, la défense doit dégager en catastrophe un palet repoussé par Baldin sur un tir lointain. La France a un moment de flottement et craque pour la deuxième fois en trois minutes, lorsque Schafzahl expédie un tir laser au cercle droit (2-1).
Un contre mené par Beiter provoque une nouvelle occasion, puis Baldin étire la jambière sur un tir de loin et sort une mitaine magistrale sur un tir du cercle. Les Bleues sont dans le dur !
Elles s’en remettent à Chloé Aurard, qui travaille avec Lucie Quarto au fond et tente de servir Marion Allemoz dans le slot : Luggin sauve. Puis, Jade Barbirati transperce la défense avec trois joueuses sur le dos et n’arrive pas à tirer – peut-être le dribble de trop, pêché tricolore dans ce tiers. Le rythme est monté d’un cran et Meixner, intenable, trouve l’épaule de Baldin pour un nouvel arrêt de la gardienne de Zürich.
Un peu après la mi-match, le gros travail de Manon le Scodan contraint Meilan Haberl à la faute. Le jeu de puissance français peine cependant à s’installer. Ce n’est qu’en fin d’avantage qu’un trois-contre-deux manque de peu d’aboutir, avec une passe du revers de Baudrit reprise par Escudero : Luggin sauve son camp. La séquence a le mérite d’accentuer la pression. Les Bleues récupèrent de plus en plus haut et gagnent les duels… et s’exposent. Meixner se retrouve seule devant Baldin, qui sauve son camp d’une catastrophe. L’Autriche vire en tête à la pause malgré les efforts des Françaises, qui comptent peu d’occasions franches, avec un cinglant 14-6 au tir en faveur de l’Autriche dans ce tiers.

La France tente d’appuyer son échec-avant à la reprise, et commence à voler des palets. Duvin intercepte à la bleue pendant un changement de ligne adverse mais sa remise vers Escudero au deuxième poteau manque de précision. En face, Hengelmuller cherche un tir lointain, bloqué par Baldin. Puis, Haberl, solide sur ses appuis, résiste à la ligne bleue française, provoque deux minutes et trouve la mitaine de la gardienne tricolore.
il faut une Caroline Baldin solide sur une volée de Meixner au cercle droit durant cette supériorité où Parment multiplie les tirs bloqués. La portière bleue sauve aussi devant Hofbauer et Schafzahl. Puis, c’est sa barre transversale qui vient à son secours…
De retour au complet, Duvin, qui a reçu le renfort de Aurard sur sa ligne, multiplie les remises. Ni Rozier, ni Aurard, ni Pelissou ne parviennent à dévier suffisamment juste devant Luggin pour égaliser. Aurard, bien servie entre les cercles, a le temps, d’ajuster… mais manque le cadre !
Le stress est palpable dans les tribunes, alors qu’il reste moins de dix minutes à jouer. Les Bleues portent le jeu vers l’avant, grattent des palets de plus en plus haut. Une interception envoie Barbirati vers le but, mais elle est sévèrement mise au sol et obtient une supériorité numérique. Longtemps poussif, le jeu de puissance obtient deux chances en fin de séquence grâce à Baudrit.
La délivrance survient à 3’10 de la sirène. Duvin intercepte en entrée de zone, slalome et percute… le rebond est pris par Aurard (2-2). Le public explose !
3⃣ goals in 3⃣ games for @chloeaurard 🔥
Including today’s to send the game to OT. #HowlinHuskies pic.twitter.com/Goq21YRemC
— Northeastern Women’s Hockey (@GoNUwhockey) April 28, 2022
Mais il reste du temps et la tension n’est pas finie. Aurard manque de peu d’enfoncer le clou sur un débordement à droite, et Baldin doit aussi intervenir sur une action autrichienne. À 1’37 de la sirène, l’Autriche pose son temps mort avant une mise au jeu en zone offensive. Et l’entraîneur décide de sortir Selma Luggin, conscient de l’importance de gagner dans le temps réglementaire ! La France défend bec et ongles, avec un ultime arrêt du masque de Baldin. Les Bleus ne parviennent pas à sortir de leur zone pour marquer cage vide, et se contentent donc de la prolongation : cela fait au minimum un point, qui conserve leur destin en mains.
La prolongation ne dure pas longtemps. Les Bleues sont prises le long de la bande à la bleue autrichienne et le palet ressort pour Meixner, qui initie un deux-contre-un. Elle fixe Locatelli, et Schafzahl fusille Baldin en hauteur (3-2).
L’Autriche s’impose, mais les sourires ne sont pas là. Car l’Autriche n’a plus son destin en mains. Elle compte six points, soit un de moins que la France et la Norvège, qui s’affrontent samedi. Sa seule chance de montée serait de battre la Slovaquie et d’espérer que ce France-Norvège se termine au delà du temps réglementaire, car elle a battu les deux. Côté Français, le match aura été extrêmement difficile, et le point arraché en fin de match vaut tout l’or du monde. Il laisse aux Tricolores la maîtrise de leur sort : une victoire dans le temps réglementaire contre la Norvège l’enverrait en élite. Mais que ce fut dur…
Désignées joueuses du match : Chloé Aurard (France) et Anna Meixner (Autriche)
Commentaires d’après-match :
Theresa Schafzahl (attaquante de l’Autriche) : « Nous avons bien joué, globalement. Nous avons créé beaucoup d’occasions, mais nous devons mettre plus de palets dans le but. Cela n’aurait pas donné un match aussi serré en fin de troisième. Elles ont de très bonnes joueuses capables de faire ce genre de jeux, comme Aurard a fait. C’est malheureux. [Vous l’avez affronté en NCAA !] Ce fut du classique Chloé Aurard. Nous savions que la France avait beaucoup de bonnes individualités, que l’on doit toujours surveiller ce genre de choses, mais parfois, vous ne pouvez pas retenir le talent en face. Il nous aurait fallu marquer plus auparavant… [Votre ligne a été impressionnante ce soir] Nous n’avions pas beaucoup joué ensemble avant, mais je trouve que nous jouons de mieux en mieux, nous avons pu créer beaucoup d’occasions, malheureusement sans marquer beaucoup. C’était bon, mais pas assez aujourd’hui. [Il y a une joueuse française qui rejoint l’université du Vermont, vous la connaissez ?] Oui [Julia Mesplède], elle était là bas il y a quinze jours. J’ai beaucoup aimé la voir jouer, elle a été bonne. C’est toujours super de voir plus d’Européennes là-bas. »
Estelle Duvin (attaquante de la France) : « C’est un mix d’émotions. C’est à la fois frustrant sur le plan de la défense, mais en même temps c’est un point important qui garde notre destin en mains. Il faudra aller le chercher samedi. Nous avons connu un gros temps faible en deuxième tiers temps et ça a été dur de se reprendre. Elles ont joué de manière très agressive et nous avons eu du mal à nous adapter. Nous nous sommes reprises en troisième période, nous avons eu quelques grosses occasions et cela a fini par payer. L’entame était serrée, avec 8-9 aux tirs en première, mais nous avons eu des moments difficiles défensivement en deuxième. Notre force, c’est le mental, et on l’a vu à la fin. Nous serons prêtes pour samedi. La fatigue ? Un peu, on enchaînait deux matchs et cela s’est ressenti. Le repos demain fera du bien. C’était la première fois que nous étions menées, il y a peut être un peu de panique et chacune a essayé à son tour, mais les occasions qui ont payé sont venues lorsque nous avons eu du soutien et joué plus collectivement. »
Léa Parment (défenseur de la France) : « Sur mon but, je veux juste mettre le palet au fond et changer… J’en suis la première surprise! Nous nous sommes faites prendre en défense, mais nous sommes revenues en équipe au troisième tiers. Samedi, il faudra mieux rester en place, moins se fatiguer à bouger dans tous les sens et rester dans le plan de match. C’est une équipe que nous n’avions pas joué depuis longtemps et, après deux matchs avec des équipes moins rapides, nous étions sans doute moins dans le tempo. »
Grégory Tarlé (entraîneur de la France) : « C’était un match difficile, vraiment. L’équipe est allé chercher un point avec de l’orgueil et du cœur. Ce sont les valeurs internes de ce groupe. C’est un point essentiel dans la victoire de ce championnat du monde. Nous avions bien analysé l’Autriche, une équipe qui a un bon contrôle du palet. Nous prenons deux buts coup sur coup, qui nous font mal. Ce deuxième tiers a été difficile. Le troisième nous ressemble plus. Le point positif, c’est d’être allé chercher ce point. On est vivants. Le schéma tactique ? C’est surtout d’y aller en équipe. Nous cherchons la bonne formule pour notre alignement, afin de présenter la meilleure équipe. Et je suis convaincu que l’on peut encore s’améliorer, je le dis depuis le début du tournoi. Nous avons une génération d’expérience autour de Marion, Lore, Caroline, Athéna, une génération intermédiaire autour d’Estelle, et des plus jeunes, et c’est ce qui fait notre force. Les modifications de ligne ? C’est un scénario que l’on prévoit, au vu du succès au TQO du trio Aurard-Duvin-Rozier. Nous l’avons vu ce soir. Ce qui reste à faire ? Jouer notre jeu. L’Autriche a gardé le contrôle du palet, il nous a manqué de l’agressivité pour être les premières sur les palets. On ne peut pas développer du jeu offensif si l’on est pas premières sur le palet, on ne peut pas enchaîner des jeux. Demain sera un jour de repos pour les joueuses. Côté staff, encore une nuit courte en vue ! On sent la ferveur du public, toute la famille du hockey est là, les amis, les familles, parfois des gens venus de l’autre bout du monde. C’est très important pour nous. »
Autriche – France 3-2 après prolongation (0-1, 2-0, 0-1, 1-0)
Championnats du monde de Division 1A femmes, quatrième journée.
Jeudi 28 avril 2022, 16h. IceParc d’Angers. 2310 spectateurs.
Arbitrage de Henna Aberg (Finlande) et Johanna Tauriainen (Finlande) assistées de Zoza Gottlibet (Hongrie) et Julia Johansson (Suède)
Pénalités : Autriche 6′ (2′, 2′, 2′, 0′), France 4′ (0′, 2′, 2′, 0′)
Tirs : Autriche 35 (7, 14, 13, 1), France 22 (8, 6, 8, 0)
Récapitulatif du score
0-1 à 14’14 : Parment assistée de Duvin
1-1 à 20’53 : Meixner assistée de Trummer et Wittich (sup. num.)
2-1 à 23’18 : Schafzahl assistée de Meixner
2-2 à 56’50 : Aurard assistée de Duvin
3-2 à 60’15 : Schafzahl assistée de Meixner

Autriche
Attaquantes :
Anna Meixner (C, +2) – Emma Hofbauer (+1) – Theresa Schafzahl (+2)
Eva Beiter (-2) – Anja Trummer (-1) – Lena Daubock (-1)
Hanna Obermayr (-1) – Anna Hanser – Lena Artner
Hanna Schwartzer – Leonie Kutzer
Défenseures :
Antonia Matzka (+1) – Annika Fazokas (A, 2′, +2)
Tamara Grascher (2′, -1) – Charlotte Wittich (A, -1)
Karolina Hengelmuller (-1) – Meilan Haberl (2′, -1)
Laura Leitner – Anna Billa (-1)
Gardienne :
Selma Luggin
Remplaçante : Anja Adamitsch (G). Réserviste : Katharina Killius (A)
France
Attaquantes
Chloé Aurard (+1) [puis Escudero] – Marion Allemoz (C, -1) – Lore Baudrit (A)
Clara Rozier (2′, +2) – Estelle Duvin (+2) – Jade Barbirati (+1) [puis Aurard]
Lara Escudero (-1) – Morgane Rihet (A, -1) – Betty Jouanny (-1)
Manon le Scodan – Anouck Bouché – Julia Mesplède
Lisa Cedelle
Défenseures :
Léa Parment (+1) – Gwendoline Gendarme
Athéna Locatelli (-1) – Léa Villiot (+1)
Marie-Pierre Pelissou – Lucie Quarto (-1)
Mia Väänänen
Gardienne :
Caroline Baldin
Remplaçante : Margaux Mameri (G).